La demoiselle marche dans la rue, une silhouette gracieuse se dessine sous tes yeux émerveillés devant une telle splendeur. Oh oui, Phoenix est de toute beauté. Son visage fin est finement dessiné, son petit nez aquilin se trémousse tandis que ses lèvres, oh ses lèvres murmurent des poésies à l'eau de rose. Elle se laisse glisser sous tes prunelles, ce sourire candide ose à peine toucher ton oreille. Sa chevelure blondine vole dans l'air ambiant, elle penche sa tête près de toi et viens glisser un unique murmure entre deux palabres. Tu examines son corps, lentement. Le bruit de ses escarpins résonne, tu frissonnes. Ses formes généreusement placées viennent se coller contre ton buste, tu continues d'admirer avec douceur ses formes. Une jolie poitrine, des jambes fines et modelées, des mains de pianiste, un cou de cygne, des épaules dénudées par la splendeur de sa robe. Peut-être rêves-tu, qui sait. Mais non, ce n'est pas un rêve. Ou alors, c'est un merveilleux rêve. Tu revois son visage, son corps collé au tient, sa robe volant au gré du vent, sa chevelure dorée et sa voix cristalline résonnent dans tes oreilles, une nouvelle fois. Tu t'accroches à son image, à ce fragment d'être qui réside dans ton esprit. Tu tend les bras, tu te demandes pourquoi, pourquoi est-ce que Phoenix est inaccessible. Pourquoi elle s'échappe sous tes pas, pourquoi est-ce qu'elle joue avec ton coeur, avec tes sentiments. Mais malgré tout, elle t’obsède. C'est ta muse, ton modèle, ton imagination. Tu te souviens encore du toucher de sa peau pâle, du grain de beauté sous son oeil droit qui lui rend un charme irrésistible, de ses yeux bleus comme l'océan qui te transperce le coeur, de ses jambes satinées, et de son magnifique tatouage juste en bas de son dos.

Phoenix a beau être jolie et désirable, son mentale ne suit pas toujours. Elle n'a jamais essayé de toucher la perfection ultime, l'apogée de ce sentiment, mais elle sait qu'elle a beaucoup de défauts. Elle a ce que l'on appelle, une mémoire défaillante. Phoenix a énormément de problèmes de concentration, elle est maladroite et ne sait plus très bien ce qu'elle a fait il y a à peine quelques secondes. Cela est très fréquent chez la jeune femme, même si elle suit beaucoup d'exercices de mémorisation. La blondine est, pourtant, tout ce qu'il y a de plus doux. Très sociable, elle ne laissera jamais quelqu'un seul dans son coin et viendra automatiquement l'aider en cas de nécessité. Mais s'il y a bien un domaine dans lequel elle excelle, c'est bien sûr celui de la fête. Très fêtarde, elle sors en général plus de trois fois par semaine en soirée. Etant de nature sociable, elle se fait des amis facilement, même si elle a quand même pas mal de personnes avec qui elle ne s'entend guère. Mais ça, tout le monde en a des ennemis, non ? Après tout, Phoenix n'est pas plus spéciale qu'une autre. Chaque être est différent, même si la jeune femme arrive à se fondre facilement dans la populace humaine. Elle sait aussi bien se faire remarquer qu'être discrète. Cela dépend de qui la remarque, ceci va de soi. Phoenix est le genre de fille qui ne cherche pas les ennuis en somme. Elle vit sa vie au jour le jour, continuant de mener son petit train-train quotidien comme elle le fait depuis déjà plusieurs années. Elle cherche la banalité et la simplicité plutôt que l'excentricité. Il est évident que physiquement, on pense que c'est la fille qui profite de tout le monde, qui montre son corps à autrui dans raisons particulières mais non. Phoenix n'a rien de tout ça. Comme on dit, l'habit de fait pas le moine. Quelques fois si, mais pas chez elle. Elle a beaucoup de défauts, comme l'ironie, le cynisme, et une détermination extrême. Phoenix ne laissera jamais tomber si facilement.

« Chère Linda O'Connell, cette lettre, que j'ai écrite pour vous, m'a demandé du temps pour vous faire savoir cette terrible nouvelle. Votre fils, et votre belle-fille sont morts dans un terrible incendie, une enquête est encore en cours. Seul l'enfant a réussi à s'en sortir. Votre petite fille avait été caché dans un des sous sols, et a donc été protégé malgré l'effondrement total de la maison. Toutes mes condoléances pour cette terrible nouvelle, votre petite fille, du nom de Phoenix, est en route vers votre maison. Vous n'êtes plus que sa seule famille. »
Le Docteur Brown.

La petite grand-mère regardait la lettre, en la touchant du bout de ses doigts plissés et moites devant cette terrible nouvelle. Des petites larmes vinrent descendre le long de sa joue et de sa jugulaire. Venant de fêter ses 86 ans tout juste, la petite femme était désemparée, choquée par cette nouvelle qu'elle en eut la gorge nouée lorsque sa petite fille arriva. Phoenix O'Connell. Elle avait à peine trois mois, et était toute petite et frêle. Moins de cinquante centimètres, pour seulement deux kilos et huit cent grammes. Linda prit l'enfant dans ses bras, caressant la joue de Phoenix avec tout l'amour qu'elle pouvait lui porter. Les semaines et les mois passèrent calmement, la grand-mère s'occupant de l'enfant comme sa fille, jusqu'à ce que la vieille femme, épuisée de cette vie, s'endorme dans les bras de Morphée, ne se réveillant plus jamais. Il ne restait alors plus qu'une seule famille pour Phoenix, des cousins de sa mère maternelle, résidant au Japon. C'était la plus proche famille de la mère, celle du père étant déjà dissoute depuis des décennies par un élan de maladies. La famille Takishima était une famille typique japonaise, résidant à Nara, dans la préfecture du même nom. La défunte mère avait passée toute sa plus tendre enfance au Japon.

C'est alors que Phoenix, tout juste âgée d'un an tout au plus, partit pour le Japon, son nouveau lieu de résidence. Et c'est avec une joie immense qu'elle fut accueillie dans la famille Takishima. Un nouveau départ s'annonçait. Elle grandit entourée d'amour et de joie, ne se souciant pas de la situation dans laquelle elle se trouvait. Quand Phoenix jouait dans le parc et que les autres enfants la regardait, sa mère la prenait contre elle en caressant ses cheveux d'or. Malgré tout son enfance se passa sans le moindre souci. Malgré tout elle garda son nom de famille biologique, après plusieurs décisions des deux parents. Il serai plus respectueux pour l'enfant de garder son nom biologique, plutôt que de prendre celui des Takishima. C'était une sorte d'hommage qu'avait décidé la famille niponne pour la jeune enfant. Phoenix apprit le Japonais, ne dialoguant d'ailleurs que dans cette langue, avant d'apprendre l'Anglais, sa langue d'origine, un peu plus tard. Puis l'heure de recevoir les héritages était venue. Sur le testament de la grand-mère et des deux parents, Phoenix était la seule héritière des biens. Elle héritait de l'argent des parents, et de la maison de sa grand-mère, qui était une maison d'époque, que la famille O'Connell héritait à chaque testament.

Un genre de cercle vicieux. Autant dire qu'elle avait un bel avenir derrière elle. Une belle descendance. Mais pour revenir à son intégration en tant que citoyenne japonaise, c'est quand elle passa au collège que tout bascula. Elle fut mal acceptée. Car Phoenix n'avait rien de japonais. Elle n'était pas brune mais au contraire, ses cheveux étaient blonds et ses yeux étaient bleus. C'était une élève qui attirait la curiosité de tout le monde. Y compris celle des professeurs. Certains l'appréciait, d'autres la rejetait. Elle réussit quand même à se faire deux amies, qui déménagèrent l'année suivante, laissant Phoenix seule face à cette foule oppressante. Aller à l'école était devenu un calvaire pour la jeune enfant. Malgré le fait qu'elle travaillait bien, l'envie et la motivation n'était pas présente. Elle se mit à perdre du poids, et devenait de plus en plus maigre. Phoenix commença une thérapie de remise en forme, sans succès. Sa pression artérielle était trop basse. Elle était fatiguée, épuisée. Elle quémanda plusieurs fois ses parents de se teindre les cheveux, de porter des lentilles et pleins d'autres idées saugrenues. Tout ça pour ressembler ne serai-ce qu'un peu à une japonaise digne de ce nom. Phoenix se sentait mal dans sa peau. Elle savait que jamais elle ne pourra s'intégrer dans cette société. Puis elle entra au lycée, mais son état ne s’améliorait pas.

Son seule remède ? Aller en soirée. Elle pouvait sentir l'odeur nauséabonde de l'alcool couler dans sa gorge. Quand un garçon lui demandait pourquoi est-ce qu'elle buvait, elle répondait d'une simple phrase; Je bois mes embêtements. Phoenix se comparait souvent à Germinie Lacerteux. C'était pour elle son héroïne. Phoenix était une personne d'une banalité maussade, sans avenir. Alors elle buvait. Elle se faisait passer pour majeure lorsqu'elle sortait. La routine l'ennuyait. Elle voulait du neuf, du renouveau. Alors elle se mit à faire des recherches pour partir dans un pensionnat. Quand elle tomba sur ce fameux pensionnat Yokosami. Etre loin de Nara, c'était sûrement mieux pour elle. Puis elle avait un bon niveau d'étude, alors elle préféra miser un pensionnat plutôt qu'une grande université prestigieuse. La banalité, encore une fois. C'est ce qu'aimait Phoenix. Sa décision prise, elle quitta ses parents adoptifs pour venir à la pension Yokosami.