Dans une salle bien trop silencieuse à son goût, Maena demeure ennuyée par la dernière heure de cours. Entre ces jolies mains de secrétaire, elle manie de manière fluide avec son crayon à papier. Guère étonnant pour quelqu'un comme elle, la jeune fille préférait passer la plupart de ses cours en train de s'entraîner, à améliorer tes performances dans le pen spinning. C'est clair et net que c'est largement distrayant de manipuler un crayon avec du style que de jongler déplorablement les formules et les théorèmes. De toute façon, ces deux-là, ils n'ont jamais été de super potes et ce n'est pas maintenant que ça allait changer et qu'ils vont se réconcilier entre eux. Heureusement que l'Homme a inventé la calculatrice, l'étudiante serait complètement à côté de la plaque lors de ces examens. Maena n'était pas une intellectuelle, certes. Mais elle restait une demoiselle intelligente qui, la plupart du temps, arrivait à assurer des notes acceptables. Pas moyennes, ni très bonnes. Juste acceptables. En ouvrant légèrement sa trousse à moitié taguée de mots, elle vérifie l'heure sur ton vieux téléphone. Encore cinq minutes, sois patiente ma jolie ! Tu peux bien tenir le coup avant que tu ne sois libre comme l'air et sortir rapidement de cette pièce étouffante. Naturellement, elle aurait désiré que quelqu'un ouvre au moins une fenêtre pour rafraichir mais, personne ne semble avoir trop chaud. Était-ce seulement elle dont la température ne convenait pas ? C'est ce qu'elle imaginait. Lorsque les beaux jours revenaient, la jeune fille avait de plus en plus de mal à rester enfermée, particulièrement en cours. En revanche, elle se réjouissait de la fin des cours, possédant un regard pétillant d'impatience.

Lorsque la Sonnerie retentit, son sourire était revenu comme par enchantement. Prenant l'exemple sur ses nouveaux camarades, Maena rangeait sans peine ses affaires et elle déguerpissait au plus vite de sa classe tout en prenant une marche souple, digne, corps droit et le menton relevé. Elle se foutait bien de ce qu'on pouvait bien penser de sa personne, ils ne savent pas qu'elle pense des autres. Sous des airs angéliques, ne se cacherait-il pas une autre personne ? Cet endroit, elle le fréquente que récemment. Beaucoup de coins qui pourraient être sympathiques et plaisants l'échappent diamétralement. Ceci n'a rien de surprenant, c'est une élève qui a débarquée depuis peu. Pas du tout paniquée, elle finirait bien par trouver un endroit où la jeune fille serait prête à squatter après les cours, je ne me fais aucun souci à ce sujet. Subitement, elle entend une sonnerie, elle le connaissait bien, c'était celle de ton portable. En se collant contre un mur afin de ne déranger personne, Maena s'était mise à fouiller dans ton sac, en ne souvenant plus où elle a pu le mettre. Ah, je vous jure... Quelle tête en l'air ! Secouant doucement la tête, la jeune fille décide de reprendre sa route et de s'asseoir quelque part dans le pensionnat, mais... Une fille de sa classe touche délicatement une de ses épaules. Mince, elle se demandait si Maena ne pouvait pas lui rendre un service. Cette camarade, elle avait déjà échangé des phrases durant la semaine mais sans pour autant être collé l'une à l'autre, comme de véritables amies. Bien entendu, je suis quasiment certaine qu'elle allait accepter mais en échange d'une compensation... Oh que oui, Maena n'est pas une de ces personnes qui ne demandent jamais rien en retour et qui se contentent de faire la bonne poire de service. Elle lui supplia de l'aider à ramener les dictionnaires à la bibliothèque. Sa réponse à cette demande : « Va pour ce service. En revanche, je souhaite que tu ailles m'acheter un sachet de sucettes après ça. » Au début, elle semblait hésitante de dire : Oui, pas de souci ! En s'apercevant qu'elle ne répondait pas, Maena rajoutait une couche supplémentaire pour la convaincre de : « Écoute, Je ne te force pas à te dire oui si tu ne veux pas. Néanmoins, je me doute que les autres seront libres pour te filer un coup de main. » Je pense avoir bien traduit le véritable sens de sa phrase : Ce marché est équitable. J'ai nullement envie de me faire passer pour la pigeonne de service, sinon débrouille-toi pour quelqu'un d'autre qui serait assez stupide pour t'aider. Finissant par répondre o.k, elle allait finalement lui donner ce coup de main sans broncher un seul mot.

Un peu plus tard, la jeune fille se retrouve sur banc, en frottant ses mains. La camarade de classe qui avait réclamé de l'aide, était partie comme convenu, chercher un paquet après le service rendu. Ensuite, la seule chose qu'elle avait demandé, c'était que Maena attends sur un des bancs de la cour afin de la repérer rapidement. Elle pouvait apercevoir non loin, sur un banc voisin, deux garçons qui sont en train de jouer aux cartes. Un groupe de filles qui défile juste devant elle, papotant des nouvelles tendances technologiques. D'ailleurs, la jeune fille venait de penser qu'elle ne savait toujours pas où elle aurait pu égarer son portable dans le sac. Explorant une fois de plus, elle avait fini par le retrouver et examiner le journal d'appels. Le numéro... inconnu apparaissait trois fois sur l'écran mais, Maena remarque qu'il n'y avait aucun message vocal. « Bordel, tous les jours, c'est la même chose ! Si je raccroche, je n'ai personne au bout du fil... » Elle murmure spontanément cette phrase, son sac se pose brusquement contre ses cuisses et elle fait glisser ton menton dans la paume ta main droite, fermant les yeux pendant deux minutes. De toute façon, c'est la seule chose que Maena pouvait faire sans se faire surprendre par un surveillant, tout en restant sage comme une image. Concernant son amie, la clope, elle devra sûrement attendre son heure, elle ne se doutait pas une seconde qu'on l'autoriserait faire la pause cigarette au sein de l'établissement. Hein ! Cela serait trop beau pour être vrai, même dans ses rêves les plus délurés. Quoique, un rêve n'est pas forcément logique et les trucs dingues peuvent surgir n'importe quand...

Attrapant une cannette vide à tes chaussures, la jeune fille regardait de droite, à gauche si elle trouverait une poubelle pas très loin d'elle. Radar récipient à ordures, repéré ! Seulement voilà, Maena avait la flemme de se lever pour aller jusqu'à la poubelle. Elle tentait brièvement de faire un tir de son banc à la poubelle mais en vain. Cela l'énervait encore plus et intentionnellement, Maena poussait un soupir. Finalement, elle décidait de feuilleter le livre emprunté à la bibliothèque afin de lui laisser un avant-goût... Si elle plongeait immédiatement, il y a de fortes chances que l'adolescente pète un plomb si quelqu’un la dérange dans sa lecture ou de s’arrêter en plein milieu pour aller manger à la cafétéria...

La journée était ennuyante. Pas un chat dans ces rues. Rien, pas de monde à craquer, juste quelques passants par-ci par là, rien de plus. À quoi je pensais ? Rien de bien beau... J'avais la tête vide, sifflotant une mélodie quelconque, comme si celle-ci me permettait de vivre. J'avais les yeux fermé, assis sur une branche d'arbre. Dans le parc. En cette après-midi, il n'y avait rien à faire. Alors je pensais, dormant légèrement, perché comme un perroquet. Je fermais les yeux, à l'ombre de cette lumière qui n'avait pas vraiment d'importance pour moi. J'étais à l'ombre, heureusement. Je ne sentais pas ces rayons brûlant.
Je re-ouvris les yeux pour regarder un oiseau voler dans le ciel. Celui-ci était petit et il volait de façon gracieuse. Un oiseau libre qui se fichait des contraintes de la vie, un oiseau qui n'a autre convictions que sa liberté. Je soupirais face à cette vue. Cela ne faisant que confirmer mes pensées. J'aimerais être un oiseau. Un être qui n'a que pour contraintes ses propres limites. Alors que réfléchissais, je voyais deux enfants se chamailler en bas de l'arbre où je me trouvais. Deux enfants qui criaient pour une glace. Un vision assez pitoyable. Soupirant je ne faisais qu'admirer leur bêtises. Jusqu'au moment où une demoiselle vint les séparer. Cela faisant tilt dans ma tête. Je revoyais un bref instant une scène du genre, mais comme enfant, il n'y avait que moi et ma soeur...
Souvenir souvenirs. Je repensais souvent à elle, me demandant comment elle allait, où elle était, ce qu'il lui arrivait en cet instant. Est-ce que je lui manque ? Pour ma part oui... Pensant à elle, je regarde ce pendentif que j'ai à mon cou. Je regarde ces photos. Un enfant souriant d'un côté, une demoiselle plus timide, mais qui sourit. Moi et Haku, le frère et la soeur, la lumière et l'ombre, positif et négatif... Bref... Je refermais doucement ce pendentif pour le serrer contre mon coeur, celui-ci se serrant doucement dans ma poitrine.

* Tu me manques.... Onee-chan...*

Ces pensées me font trop mal, je dois marcher. Me balader me fera du bien. M'écarter de ces enfants aussi. Je soufflais pour alors sauter de ma branche pour marcher le long des petits sentiers. Mon pas était régulier, comme le tic tac d'une horloge suisse. Je ne regardais pas où j'allais, mon regard braqué sur le chemin. Mes yeux étaient légèrement vitreux, je ne pensais à rien, juste le vent qui me souffle quelques mots à l'oreille. Mes pensées s'embrouillant rapidement. Jusqu'au moment où je suis troublé, mon corps tremble un bref instant et là une voix se fait résonnante. Elle est là, la voix... Proche de moi. Je relève le visage pour alors tomber sur deux yeux d'une profondeur semblable à la mienne. Une couleur sombre, puisqu'ils sont violet. Un violet améthyste, comme ceux de Natsumi... Ah Natsumi... Non non non, je ne dois pas commencer à penser à elle, sinon ce sera comme ma soeur ,des pensées douloureuses à souhait.

« Oh ! Je suis désolée, je n'ai pas fait attention. Tu n'as rien ? »

Je la regarde silencieusement, pour alors répondre d'une voix lente, légèrement je m'en foutiste, me contrefichant de son impact aussi doux soit-il.

« Non non, je n'ai rien... Pas grave, ne vous souciez pas de ça... »

Voilà, elle est pardonné, cet enfant peut aller dormir sur ses deux oreilles. Suite à mes mots pour la rassurer, je me retourne pour continuer ma marche, cet air triste et légèrement touché continuant de s'afficher sur mon visage. Je regarde un bref instant derrière moi, puis je me volatilise, allant proche d'un rocher faisant joli dans ce paysage verdâtre. Je soupire m'adossant à celui-ci. Un coin reculé du parc, peu fréquenté. Là je pourrais être tranquille, à l'abri des regards... Quelle journée ennuyeuse...Je me décidais de bouger pour alors retourner au lycée. La journée n'était que foutaise il n'y avait rien à faire. Je voulais fumer mais l'envie disparaissait toujours. C'est donc calme que je rentrais passant dans le jardin, la cour du lycée et là... Un fantôme du passé était là assis sur un banc. Je me stoppais criant presque sur le coup.

«  NATSUMI …. M... Mais.... Non... C'est impossible... »

Les fantômes du passé. Je ne faisais qu'en voir ces temps-ci. Comme si j'étais condamné à cela. Voir, croire des choses, sans pouvoir me les retirer de la tête. Soupirant de plus belle, je marchais dans ce jardin qu'offrait le pensionnat. Un lieu sympathique pour y reposer ses nerfs. J'y faisais souvent des marches pour me calmer quand je suis énervé. Chose que je ne savais pas, c'est que le destin allait me jouer un tour bien amusant. Pas pour moi mais bon... J'avançais jusqu'à découvrir une personne au physique semblable à celui d'une personne que je connaissais. Cela était d'autant plus choquant que la personne était mon ancienne petite amie, de nos jours morte... Je n'en revenais pas, sa personne... Non non non, c'est impossible...
Elle était plus ou moins grande, son corps en général était mince. Ses bras et jambes étaient de fins membres, son visage doux comme une brise matinale. Ses yeux d'un violet améthyste. Ses cheveux de même, rappelant la fleur de violette, donnant envie de la croquer. Un petit nez tout fin. Des lèvres tentantes. Je ne disais rien, la voyant alors se lever. Un sosie... La demoiselle avait des atouts indéniables... Décidément, c'était son portrait craché... Je voyais ces cheveux virevolter dans les airs, mon coeur battant étrangement.

« Hey, je pourrais savoir pourquoi tu me fixes de cette façon ? On dirait que je te momifie sur place. »

Si elle savait... Elle se trouverais drôle. Je ne disais rien; mon regard restant plongé dans le sien. Ses yeux me pétrifiaient sur place, tel les yeux de méduses dans la mythologie. Je respirais ce doux parfum qui émanait de sa personne, je tremblais légèrement, mais rien de bien visible. Je décidais de répondre pour ne pas l'effrayer face à mon précédent silence. Je dis d'une voix se voulant claire, bien que visiblement troublé.

«  Je... Comment dire... Rien.. J'étais juste troublé … Désolé du dérangement... »

Je ne pouvais pas tout lui dire quand même... C'est donc de manière simple, que je me retournais pour aller plus loin. Allant m'asseoir sur un banc. Je ne disais rien, étant seul. Mon air triste refaisait un peu surface. Je repensais à Natsumi... Nos moment heureux, puis tout ça... Et elle qui lui ressemble tant. Quelle torture. Je soupirais pour fermer les yeux et repenser à tout ça. Tout ces visages que j'avais connu, ces filles avec qui j'étais sortit. Décidément, j'avais trop mal... Oui... Je voulais parfois en finir, mais le coeur n'est pas comme un morceau de papier où sont marqués des choses qu'on peut oublier non... Ce sont des choses qui resteront à jamais... Je souffrirais ainsi.. Mon coeur me faisait mal, la main posé dessus, je réfléchissais, mes yeux vers le sol. L'air pensif. Décidément, c'est fou comme une ressemblance peut tout changer.

«  Pourquoi... Ais-je si... Mal ? »

Assis sur mon banc, je restais là, sans rien dire de plus. L'envie de disparaître me prenant...