Aujourd'hui n'était pas un jour à mettre des talons...
Pour comprendre cette anecdote, il faut remonter quelques jours plutôt. Fuzuki avait en tête de s'acheter une nouvelle paire de chaussures. Elle était à la recherche d'une paire de bottes, mais elle ne savait pas exactement ce qui lui faisait envie. Bille en tête et accompagnée de camarades de classes, ils allèrent arpenter les rues de la ville en quête de : LA paire chaussure. La jeune femme était toute excitée de pouvoir ajouter cette future paire de chaussure à sa garde robe. La chasse commença !
Ses amis se dirigèrent naturellement vers des magasins de prêt-à-porter et autres friperies. Fuzuki leur fit signe qu'elle allait commencer sa "quête". Elle regarda chaque vitrine avec minutie, sans suivie immédiatement une moue sur le visage de la jeune femme, à la vue des chaussures exposées. Mais elle ne baissa pas les bras. Et le miracle fut... ! Elle arriva devant un magasin, surplombé d'une modeste enseigne rouge écrite en caractère chinois. Fuzuki ne savait pas les lire, mais elle les avait reconnus. Elle s'empressa d'entrer, et pris LA paire de chaussure.
Elle essaya la paire de bottes qui lui avait tapé dans l'œil et par le plus grand des hasards, elles lui allèrent à merveille. Elle s'empressa de les payer et partie pour montrer son acquisition à ses amis. Forte de l'enthousiasme que suscitaient ses chaussures, elle décida de les mettre pour aller en cours. Ce qui nous fait ainsi, tomber aujourd'hui.
Fuzuki avait cours aujourd'hui. Plus précisément deux de japonais. Elle avait soigneusement préparé ses affaires la veille, et surtout LA paire de chaussures. Elle prit le temps d'enfiler un débardeur en coton rouge, puis un slim noir et enfin LES fameuses bottes à talons. Elle rehaussa ses cheveux en une haute queue de cheval. Elle prit son sac et enfila sa veste en cuir marron, puis claqua la porte derrière elle. Fière de ce qu'elle portait au pied, elle faisait exprès de bien prendre le temps de marcher pour que tout le monde puisse admirer ses chaussures.
Fuzuki n'était pas une personne narcissique, mais il fallait avouer que lorsqu'elle se sentait belle et sûre d'elle, elle aimait le montrer. Elle avait du charme et le savait, alors pourquoi se voiler la face ? Bref, elle descendit les marches quatre à quatre pour rejoindre le bâtiment où elle avait cours. Elle entendit des étudiants dire que le professeur qu'elle aurait serait soi-disant absent. Ne croyant pas à ses rumeurs, Fuzuki fonça en direction de la présupposée salle. Puis, le drame arriva…
En courant, un de ses talons se cassa. Fuzuki fit un vol plané, en plein dans les buissons qui longeaient le bord du bâtiment où elle courait. Elle eût peine à se relever et lorsque ce fut le cas, un membre du club d'athlétisme la poussa et elle retomba. Mais cette fois ci, elle ne tomba pas dans les buissons mais dans la boue ! Et oui, dans cette mélasse toute verdâtre, qu'est la boue ! Elle avait pour ainsi dire changé de couleur. Elle devenue verte-marronâtre, une sorte de couleur indescriptible !
Elle ne prit pas le temps de réfléchir, elle se releva. Elle attrapa son sac qui était pour ainsi dire plein de terre. Elle marcha d'un pas ferme en direction des locaux de sport. Elle se dirigea vers le seul membre qui était là. Il transpirait et avait les chaussures pleines de terre. Il ne lui fallait aucun indice de plus. Elle leva sa main, et lui assigna une claque monumentale. Elle lui lança un regard foudroyant:
_"Quand on fait tomber les gens dans la merde, on s'excuse ! C'est la moindre des choses !"
Elle tourna ce qui lui restait de talons propres. Le soleil tapait et les oiseaux chantaient. Cela lui rappelait ses vacances à Hokkaido, l'été dernier. Mais elle était bien trop énervée pour repenser à tout cela. Elle décida sur un coup de tête de se diriger vers le jardin du lycée. Le jardin était immense et la pelouse y était si verte ! Elle marcha, pour trouver un coin tranquille, pour se poster près d’un arbre sans regarder s'il y avait d'autres personnes. Et puis même s'il y en avait, elle n'en aurait rien à faire ! Elle n’avait même pas envie d’aller à son cours de japonais, et puis de toute façon elle n’avait que ce cours là, aujourd’hui.
Elle s'adossa contre le tronc d'arbre. Elle était sale comme un petit ramoneur. Elle avait de la terre sur les joues, ses vêtements étaient méconnaissables, et ses chaussures étaient en piteux état. Elle posa son sac plein de terre à côté d'elle et soupira un long moment. Quand tout d’un coup, elle entendit un accord de guitare, puis de nombreux suivirent. Elle avait l'impression de reconnaître l'air joué, et vint ensuite, une personne qui se mit à chanter. Elle entendit que cette personne avait un bien étrange accent.
Poussée par la curiosité, elle se retourna en sursaut pour savoir qui se cachait derrière cette guitare, et cette magnifique voix. Mais il était évident que la chance n'était pas de rigueur aujourd'hui. Et c'est ainsi qu'elle tomba en plein sur les jambes de la personne, qui s'avéra être un beau jeune homme. Ce bellâtre était de type occidental semble t-il. Il avait de beaux grands yeux marron et ses cheveux lui tombaient devant. Fuzuki fut perdue l’espace d’un instant, elle se rehaussa pour le regarder. Elle poussa doucement une de ses mèches, pour mieux observer son regard.
Elle avait l'impression d'être tombée sur un mannequin. Mais le genre de mannequin que l'on ne croiserai pas au Japon. Il fallait traverser tout l'océan Atlantique pour avoir l'occasion d'admirer un spécimen pareil ! Fuzuki sortit de son observation léthargique à cause d’un rire qu’elle entendit au loin. Elle sursauta et retomba de plus belle sur le jeune homme. Elle le regarda avec embarra.
_"Bonjour ! Et désolée de la saleté !"